En même temps que l’enfant apprend à reconnaître et lire les lettres puis les mots, il peut s’entraîner aussi à les écrire. Quelle joie pour l’enfant d’être capable d’être lu! Voici quelques activités pour l’encourager à écrire…
Avant toute choses, je tiens à préciser que mon fils n’a appris à écrire qu’en script (majuscules et minuscules). Je n’ai jamais compris l’intérêt des lettres cursives, qui étaient à la base une écriture de calligraphie choisie pour son élégance, non pour sa simplicité, et que je ne trouve pas du tout adaptée à de jeunes enfants. Les lettres sont fastidieuses à former et il est d’après moi beaucoup plus difficile d’obtenir un résultat convenable qu’avec les lettres scriptes. Il faut plus d’entraînement, de pratique, alors que les lettres scriptes sont lisibles dès les premiers essais, or, être lisible par les autres est le but premier de l’écriture, et c’est aussi très motivant pour l’enfant qui apprend. Je n’ai pas regretté ce choix, et de toute façon en Ecosse, les enfants n’apprennent pas non plus à écrire en cursif. Ici, on appelle cette écriture la « fancy writing« , ou « écriture élégante » (sous entendu élégante mais pas spécialement utile…)
Faire des traces, peindre…
Avant même qu’il ne soit question de lettres ou de mots, laisser une traces sur du papier avec de la peinture, des crayons, sur le trottoir avec des craies ou sur le mur avec… -non, on va éviter le mur quand même- est très intéressant pour un enfant, et très amusant. On peut lui créer des pinceaux rigolos pour trois fois rien (utiliser des petites voitures, des plantes, des machins accrochés en boule au bout de bâtons, des fourchettes, ses pieds, ses mains…) pour varier les plaisirs.
Varier les supports
Au blanc de Meudon sur les vitres, avec des crayons, de la pâte à modeler, de la boue, dans le sable ou le sel, ou même avec du pain, pourquoi pas? En dessous, le mot Mimi a été écrit avec du coton-tige et du jus de citron. Passé ensuite (avec moults précautions) au dessus d’une flamme, le message secret apparaît!
On peu aussi écrire avec des lettres en bois ou celles du Scrabble, pour s’entraîner à la bonne écriture d’un mot plus qu’à la formation des lettres, écrire sur un tableau blanc ou noir… le top, c’est d’écrire sur les post–it, qui peuvent ensuite être collés un peu partout dans la maison.
Faire des listes
Les listes de courses, bien sûr, surtout s’il est libre d’y ajouter ce qu’il veut, ce sera super motivant. Mais aussi des listes de choses à faire, des listes des choses qu’il aime, ou de ses Pokémon préférés…
Il y a quelques temps, Liam était dans une phase où il était très souvent en colère, et il finissait la plupart de ses journées en concluant qu’elle avait été nulle (voir « la pire de toute sa vie », pour peu qu’on ait eu le temps de ne lire qu’un seul album avant de se coucher…). En plus de plein d’autres choses, on a mis en place un petit rituel des « 3 choses préférées de la journée », le but étant de trouver et d’écrire tous les soirs trois choses qu’on avait bien aimé dans la journée. En plus de lui faire se rappeler que même s’il trouvait sa journée nulle, il y avait toujours au moins trois choses qu’il avait apprécié et c’est sympa de s’en rappeler, c’était aussi l’occasion d’écrire un peu. Le plus sympa étant de jouer le jeu vous aussi, bien entendu!
Les histoires dictées
On veut souvent écrire parce qu’on a quelque chose à raconter. En attendant que l’enfant puisse écrire par lui-même, on peut écrire pour lui les histoires qu’il invente. Non seulement ce sera l’occasion qu’il nous voit écrire, mais en plus il gardera une trace de ses histoires rocambolesques. Ce sera aussi l’occasion pour lui d’organiser sa pensée, ce qui peut être un exercice intéressant. Mon fils a eu une période où il me dictait une histoire par soir, et je trouvais toujours très mignon les « dit-il » qu’il mettait dans ses dialogue, comme dans les livres ^^ Ses histoires partaient souvent dans tous les sens mais j’ai pris le parti de ne pas corriger sa syntaxe, et c’était parfois difficile de suivre, il fallait que je lui demande d’attendre que j’ai finit d’écrire pour qu’il continue, mais aujourd’hui, on s’amuse bien à les relire, on est content d’en avoir une trace. Pour certaines, je les ai retapé sur ordinateur et imprimées pour qu’il puisse les relire par lui-même (mon écriture en mode rapido n’est pas géniale).
Parfois, il ne savait pas sur quel sujet se lancer, mais il voulait quand même raconter une histoire, alors je lui proposais de choisir un autocollant ou une image dans un livre et de l’utiliser comme point de départ pour son histoire.
Inventer et écrire ses recettes
L’idée, c’est qu’il invente la recette, il écrit la liste des ingrédients, et après, vous faites la recette ensemble. Et puis vous dégustez! Même quand ça n’a pas l’air terrible…
Ici, inspiré par les Kinder Surprises, Liam a voulu inventé une alternative bonne pour la santé (ce qui est tout à son honneur). Malheureusement, au lieu de s’arrêter aux tomates, avocat et jus de citron sur sa liste d’ingrédients, il a eu la fabuleuse idée d’ajouter de la banane (banana pour être précis). Disons qu’on se sert une fois mais pas deux…
Et puis pour changer du gâteau au chocolat miam miam, Liam a voulu inventer un gâteau aux fruits. Je lui ai laissé choisir ses ingrédients et quantités, ce qui a donné quelque chose de très spécial avec un gros surplus de farine mais que voulez-vous, il faut bien expérimenter… Si vous voulez la recette (à vos risques et périls) : 5 bols de farine, 5 grosses cuillères de margarine, 4 pommes, 1 poire, 1 citron, jus d’orange et eau. Le temps de cuisson n’est pas précisé, débrouillez-vous ^^ Bizarrement, le résultat était mangeable.
La boîte aux lettres
Jouer au facteur, c’est toujours sympa! Au tout départ, j’écrivais ce qu’il me dictait et le laissais écrire un ou deux mots pour compléter sa « lettre ». Par la suite, il a pris l’habitude d’écrire des messages par lui-même. Parfois, je lui écrivais une lettre avec des questions dedans pour l’inviter à me répondre par écrit, et ensuite, c’est lui qui a pris l’initiative d’écrire la première lettre. Les lettres qui sont souvent revenues, ce sont les lettres de « pardon ». Parce que parfois on se fâche, et alors c’est plus facile de s’excuser par écrit avant de se parler à nouveau.
Le truc sympa c’est qu’en Ecosse les boîtes aux lettres sont de simples fentes dans les portes d’entrée (au début ça surprend d’entendre le clac du courrier qu’on glisse sous le volet en métal et qui tombe par terre, on a l’impression que quelqu’un entre chez nous, mais on s’y habitue ^^), et du coup, on peut venir y glisser nos propres « lettres » pour faire croire à l’autre qu’elles viennent d’être déposées par le facteur.
Suivre ses intérêts
L’écriture doit selon moi suivre l’intérêt de l’enfant au maximum, surtout au départ de son apprentissage. Le mot « est » est un mot certes très utilisé dans la langue française, mais il est fort à parier que ce n’est pas celui qui intéressera le plus votre enfant. Mieux vaut le garder pour plus tard.
Les listes de cadeaux de noël, le nom de leurs grands-parents pour leur écrire une lettre, le titre du texte qu’il vous aura dicté (ici un texte de non-fiction sur la gare), etc. sont autant de points de départs qui vont motiver votre enfant à écrire parce que ça aura un sens pour lui.
Les jeux d’écriture
Une fois qu’on écrit plus régulièrement, on peu s’amuser à des jeux d’écriture qui ne demandent qu’un papier et un crayon! Chez nous, on fait ces jeux à chaque fois qu’on va au restaurant, en attendant les plats ou même parfois en mangeant, si on est vraiment prit dans le truc ^^
Le _ _ _ _ _ est très sympa, à faire à tour de rôle, l’enfant étant une fois celui qui devine le mot et une fois celui qui le fait deviner (le risque étant qu’il épelle le mot de manière incorrecte et que vous ne trouviez jamais la solution ^^). Soyez cool avec lui au départ, n’hésitez pas à faire les jambes et les bras du pendu de façon séparée et pourquoi ne pas lui ajouter des chaussures et un chapeau au pendu avant de le déclarer perdant, pour lui donner une petite chance supplémentaire?
Le petit bac. On choisi les catégories de mots à trouver, pas trop difficiles pour commencer, par exemple : prénom, aliment, ville ou pays, métier, animal, Pokémon. Puis on prend une lettre au hasard et le but est de trouver un mot commençant par cette lettre dans chacune des catégories. Si on compte les points (ce qui n’est pas indispensable à mon avis), on enlève des points si quelqu’un d’autre a choisi le même mot que nous, le but étant de trouver les plus originaux possible. Liam était un peu inquiet de jouer face à son père et moi au départ, alors on s’est mis le challenge d’en trouver deux par catégories là où lui devait n’en trouver qu’un, et on lui a aussi laissé le choix de trouver des mots en français ou en anglais alors que nous n’avions que droit au français.
Les mad libs. C’est un jeu très drôle que j’ai découvert quand j’étais enfant lors de nos voyages en famille aux USA. On peut acheter des cahiers de mad libs tout fait ou en trouver en ligne en anglais. Je ne sais pas s’il existe l’équivalent en français, mais de toute façon, c’est bien plus drôle de les faire sois-même. L’idée est d’écrire un texte à trous et de demander aux autres joueurs de remplir ces trous sans connaître le reste du texte. A la fin, on lit le texte avec les mots des autres joueurs, pour un résultat bien souvent hilarant. Un court exemple pour illustrer…
Cher (personne), mes vacances à (lieu) sont (adjectif)! La mer est (couleur) et le sable est (adjectif), j’adore! Chaque matin, je mange avec ma/mon/mes (partie du corps) (nombre) (aliment), accompagnés de sauce à la/au (élément de nature). J’aime bien, mais ça me donne un peu mal à/au (partie du corp)… Après, je vais (verbe) avec les (adjectif) (personne) et (personne). Je me couche à (heure) de l’après-midi après avoir (verbe) une dernière fois, c’est la fête! J’aimerais que tu sois là, bisous, signé ton (prénom de la personne qui a rempli les trous) (adjectif).
Celui qui a écrit le texte demande à l’autre joueur de lui donner un mot pour chaque catégorie (personne, lieu, adjectif, couleur, adjectif, etc.), sans que celui-ci ne voit le texte en question. Encouragez votre enfant à être original dans ses réponses, il a le droit d’en donner à rallonge et des ridicules. D’un autre côté, les réponses sérieuses donnent parfois un très bon effet de contrast avec le contexte. Quand il est plus grand, l’enfant peut à son tour créer ses propres textes à trous et vous les faire remplir!
L’orthographe
Ma grande interrogation qui s’est posée et qui se pose encore concerne l’orthographe et son apprentissage. Sur le principe, je préfère intervenir le moins possible sur l’orthographe de mon fils. Si l’important dans ce qu’il écrit est le fond, et donc ce que ça raconte, je ne fais pas de remarque sur les -souvent nombreuses- fautes d’orthographes. Dans la mesure où j’arrive à lire parce que ce qu’il a écrit est phonétiquement correcte, ça me convient. Il lui arrive de me demander l’orthographe pour un mot précis, que je suis toujours ravie de lui donner (dans la mesure où je la connais moi même ^^), ou de me demander s’il y a un « e » muet à la fin de tel ou tel mot, parce que mine de rien, il remarque bien qu’il y a souvent des « e » qui n’ont l’air de servir à rien à la fin de beaucoup de mots. A force de lire, je remarque que son orthographe s’améliore petit à petit, notamment en ce qui concerne les lettres muettes à la fin des mots, mais ce n’est pas encore tout à fait ça. Le problème étant plus quand il y a tant de fautes que j’ai du mal à lire ce qui est écrit.
Du coup, je me demande… est-ce que je devrais corriger ses fautes à chaque fois? (Je n’aime pas cette idée). Est-ce que je devrais lui donner des leçons? Et comment? Est-ce que je devrais juste attendre? Il lit beaucoup, alors peut-être qu’avec le temps, l’orthographe des mots va naturellement s’inscrire dans sa tête?
Ce que je remarque, c’est qu’à l’école, il a des leçons d’écriture en même temps que ses leçons de lecture, et force est de constater que son orthographe en anglais est extrêmement bonne, il n’est pas nécessaire de « déchiffrer » ce qu’il écrit en anglais, et il distingue généralement bien les homonymes tels que « which » et « witch » ou « there » et « their ». Il ne fait que très peu de fautes en anglais là où il en fait un bon paquet en français, du coup, quand il a le choix, il choisi généralement d’écrire en anglais.
Une idée intéressante que je pense à mettre en place à la maison pour améliorer son orthographe est la dictée de Charlotte Mason. Ce n’est pas une dictée comme celles qu’on connait (je déteeeeeeste les dictées), car l’idée n’est pas de vérifier si l’enfant sait écrire sans fautes mais plutôt de l’entraîner à écrire correctement. Si j’ai bien compris le principe d’après ce que j’ai lu en ligne (et n’hésitez pas à me contredire si j’ai mal compris, bien au contraire! ^^), l’idée est de présenter une ou deux phrases à l’enfant, (de préférence trouvées dans un livre intéressant et dont la syntaxe et les mots ne sont pas simplifiés pour les enfants) et de lui laisser le temps de l’observer avant de la cacher et de la lui dicter. L’idée n’est pas qu’il photographie la phrase par cœur, et il y a donc un travail de réflexion à faire avec lui pendant qu’il observe la phrase. On relève tous les mots « difficiles », on explique pourquoi ils s’écrivent comme ils s’écrivent, rappelant les règles de grammaire qui s’appliquent, on l’invite à épeller dans sa tête ou à voix haute tel ou tel mot qui pourrait lui poser problème, etc. Puis on cache la phrase, on la lui dicte, et on relit son travail ensemble. S’il y a une faute à un mot, on cache immédiatement ce mot, soit avec un papier blanc, soit avec du blanco, soit en l’effaçant si c’est écrit à l’encre. L’idée est que la faute d’orthographe ne se fixe pas dans la mémoire de l’enfant, or, une faute qu’on souligne ou qu’on entoure, a fortiori en rouge, ne fait que attirer l’attention sur elle-même et c’est au final l’orthographe que risque de retenir l’enfant. Là, on la cache, puis on revient à la fin sur les mots cachés. On les relit (ils sont toujours cachés), on laisse une chance à l’enfant de trouver la bonne orthographe, et sinon, on la lui donne en lui réexpliquant les règles d’orthographes qui vont avec, et l’enfant l’écrit à la place de celui caché. J’aime bien cette idée de découvrir les règles de grammaire et d’orthographe de façon vivante et appliquée à un texte, pas juste de façon théorique. Je pense que je proposerai ces dictées à mon fils un peu plus tard, pour l’instant, je lui laisse un peu plus de temps pour découvrir l’orthographe à travers les livres, rien ne presse ^^ Mais si vous connaissez le système de dictées de Charlotte Mason, je suis curieuse de savoir ce que vous en pensez!
L’environnement
Quand Liam apprenait à écrire, on lui avait installé un petit bureau Ikea avec une chaise à sa taille, et on avait posé dessus des papiers de toutes sortes, des crayons sympas et des autocollants. C’était un peu sa station d’écriture, que je m’arrangeais pour garder accueillante en la rangeant après chaque passage (s’il y a plein de bazar sur le bureau, les chances sont qu’il n’y mette plus les pieds). Je rajoutais régulièrement du nouveau matériel pour que les choses restent intéressantes, et Liam a bien investi ce lieu. Aujourd’hui, je lui achète souvent des cahiers (il adore les cahiers) et des crayons originaux, mais il préfère écrire par terre en général (je le laisse faire parce que j’ai moi-même toujours préféré écrire par terre que sur une table…)
Apprendre à lire en famille
1 – Pourquoi, Quand et l’Eveil à la lecture
4 – Les livres « premières lectures »
5 – L’écriture
Et vous?
Comment avez-vous fait découvrir l’écriture à vos enfants? Quelles activités aiment-ils le plus? Et comment gérez-vous la question de l’orthographe?